samedi 9 janvier 2016

Les Aventuriers de la Mer - 7 - Le seigneur des Trois Règnes - Robin Hobb (2006)


100 % Intercités 


Le Seigneur des Trois Règnes, septième tome des Aventuriers de la Mer, a été lu à dans le train dans son intégralité. Entre les accès de somnolence, les enfants qui réagissent comme ils peuvent à l'obligation d'être assis pendant trois heures, un chien ultra-allergène couché sur mes pieds, des voisins qui réalisent qu'ils se sont trompés de voiture, descendent leurs valises de la galerie, partent et reviennent cinq minutes plus tard parce qu'on leur a piqué leurs places entre temps, et surtout mon absence totale de concentration, il est possible que j'aie loupé quelques passages du livre... Donc désolée par avance pour les éventuelles erreurs d'interprétation du livre. Cela dit, il me semble avoir retenu l'essentiel : le brouillard s'est levé sur la plupart des personnages, et tous y voient beaucoup plus clair sur leur destin hors du commun. Est-ce une bonne nouvelle ? Rien n'est moins sûr, car les révélations en cascade annoncent forcément une fin proche !





Où est-ce qu'on en était ? 

Pour ceux qui débarquent, petit rappel de l'histoire ici. Sinon, vous trouverez sans peine sur Internet les informations de base grâce à des dizaines de blogueurs plus connaisseurs que moi.

Voguant au gré du fleuve sur un canot de fortune, Malta regrette déjà d'avoir sauvé la vie du Gouverneur et de la Compagne Keki, tant ils montrent peu de gratitude à son égard. Pire, elle est l'objet de reproches et de moqueries ; autant dire que la jeune marchande va vite leur rappeler que sans elle, ils figureraient parmi les victimes du tremblement de terre qui a détruit Trois Noues et la Cité des Anciens. Mais une rencontre malheureuse va la guérir définitivement de son altruisme... Son petit frère Selden et son futur mari Reyn Khuprus ont quant à eux évité le pire grâce à la reconnaissance de Tintaglia, ce fameux dragon femelle qui hantait leurs nuits depuis sa prison de bois : elle les as extirpés des décombres de la cité en ruines en les portant dans ses pattes griffues pour les déposer en lieu sûr. Keffria s'apprête à regagner Terrilville pour en savoir plus sur les plans des Nouveaux Marchands.


Elle compte bien y retrouver sa mère Ronica et Rache, leur servante et amie. Ces dernières ont élu domicile chez Davad Restart (avec l'accord plus ou moins franc de la Compagne Sérille) afin de rassembler les preuves de l'innocence du marchand à la double veste dans un éventuel complot contre les Premiers Marchands ; et par la même occasion, dédouaner la famille Vestrit de tout soupçon. Beaucoup la regardent de travers, mais peu lui importe : elle n'a plus grand chose à perdre de toute façon.

Hiémain s'est quasiment noyé dans les souvenirs de Celle-Qui-Se-Souvient en la sauvant de sa prison, et parasite Vivacia ; la figure de proue prend conscience du lourd secret de sa fabrication : va-t-elle survivre à cette révélation ? Kennit est trop près du but pour la laisser filer...
A bord du Parangon, Brashen et Althéa bataillent pour conserver la distance nécessaire au bon déroulement du voyage ; ils savent que Lavoy, le second, profitera du moindre signe de faiblesse pour soulever l'équipage contre eux.

Adaptation BD des Aventuriers de la mer, t1, Soleil 2013. Alwett / Dimat / Vincent 


"Madame, ça se dit, "la dragonne" ?" - le réveil des filles opprimées.  

(Question d'une élève de 5ème, occupée à dessiner des personnages typiques de la fantasy.)

A l'image de Tintaglia prenant son envol après avoir passé des années confinée dans son cocon de bois sorcier, les seconds couteaux, les femmes dites "faibles" et les esclaves sortent discrètement de leur trou. D'un coup, on sent que le salut viendra de leur aide inattendue. Jani Khuprus comprend que son fils n'était peut-être pas aussi fou qu'elle l'aurait cru : le dragon de ses rêves existait bel et bien. Malta la mijaurée, la capricieuse, la bonne à rien _si ce n'est à se mirer ! fait enfin preuve de courage et de réflexion... pour le meilleur et pour le pire. Keffria semble toujours aussi décidée à causer politique avec les Marchands de sa terre natale.

Débarrassée du Gouverneur, Sérille a pris la tête de Terrilville. N'ayant pas l'habitude de diriger un peuple, elle essaie d'asseoir son autorité auprès des nouveaux Marchands, surtout ceux qui ont assez de charisme et d'influence pour constituer un véritable appui. Mais elle n'y parvient pas toujours ; le viol qu'elle a subi lors de la traversée en mer l'amenant à Terrilville l'a rendue fragile et lui a fait perdre toute confiance en ses semblables. Si bien qu'elle n'apprécie que modérément les irruptions imprévisibles de Ronica dans son bureau. Cette vieille femme qui ne cesse d'appuyer là où ça fait mal pour dénoncer les débordements des nouvelles familles marchandes ne lui dit rien qui vaille. De son côté, Ronica chasse tous les complexes d'infériorité qui pourraient être dû à sa déchéance financière et sociale, et s'affirme au contraire, en proposant des pistes pour reconstruire la ville, en condamnant vivement certains et en clamant son innocence auprès des autres. Sérille lui semble bien frêle sous sa carapace de cheftaine ; elle est prise entre agacement et pitié pour la jeune Compagne de Coeur du Gouverneur Cosgo. La matriarche des Vestrit se découvre toutefois des alliés de poids par l'intermédiaire de Rache : les anciens esclaves de Terrilville. 

En mer, les turbulences s'enchaînent à bord de la Vivacia et du Parangon. Hiémain se retape contre toute attente, au détriment de la figure de proue, désormais habitée d'un nouvel esprit... Comme beaucoup de femmes dans ce volet des Aventuriers de la mer, Etta commet un acte qui sera lourd de conséquences. Brashen a la peur de sa vie lorsque le Parangon est attaqué par un vaisseau pirate et qu'Althéa tente de s'élancer dans la mêlée ; il l'écarte maladroitement du danger, la ramenant sans le vouloir à sa condition de femme qu'elle voudrait bien faire oublier à bord _contrairement à Jek, la fille libre et toujours ouverte (dans tous les sens du terme). Elle entre dans une colère noire, dont le capitaine ne saisit pas aussitôt la cause...

Dragon Ball. (Ah ah ah)


Pourquoi L'Assassin Royal et Les Aventuriers de la mer n'ont-ils jamais été adaptés au cinéma (à ma connaissance) ? Sans doute parce que ces oeuvres sont beaucoup trop psychologiques pour qu'une version animée ou filmée ne masque pas une partie au moins des impressions, intuitions, possessions d'esprit et autres combat mentaux qui font leur force... C'est décidément le cas dans ce septième tome : après un cheminement intérieur qui les a conduites à réfléchir sur leur statut _ô combien mineur_ dans leur société, les femmes se rebellent à leur manière, en fonction de leur caractère, et prennent la main sur l'action... A suivre, plus que jamais.


ROBIN HOBB. Les Aventuriers de la Mer, tome 7 "Le Seigneur des Trois Règnes". J'ai Lu, 2006. 377 p. ISBN 978-2-290-00473-9

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