vendredi 30 octobre 2015

Quelques fictions pour aborder le harcèlement scolaire au collège ...


Le 5 novembre prochain sera une journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école. C'est l'occasion de mettre à l'honneur quelques livres et BD qui nous permettent de poser des mots sur ce problème présent dans tous les établissements scolaires. 




Une sonate pour Rudy - Claire Gratias (2007)


Par le biais d'un échange entre professeurs documentalistes lu en diagonale sur une liste de diffusion que j'ai découvert l'existence de ce roman publié en... 2007, mine de rien ! Je regrette un peu d'être passée à côté pendant tant d'années mais comme on dit : mieux vaut tard que jamais ! Alors parlons-en !

Nicolas est nouveau au collège ; c'en est fini de la classe musique à horaires aménagés qu'il avait réussi à intégrer dans son ancien établissement. Il a serré bien au chaud sa chère flûte traversière. A quoi bon ? Puisqu'il a du renoncer à ses rêves pour suivre sa famille dans leur nouvelle vie, puisque de toute façon personne ne tient compte de ce qu'il veut, lui, autant tirer un trait sur le passé. Nico n'est pas un garçon contrariant, et il compte bien finir son année de troisième sans faire de vagues pour décrocher son brevet. Heureusement qu'il a Rudy, son petit confident, la prunelle de ses yeux ; grâce à lui, il parvient à se montrer zen et responsable en toutes circonstances.


Dans ce bahut aux airs de prison, le flûtiste résigné fait la rencontre de Sam et surtout de la belle Marie : le coup de foudre est immédiat. Or la petite frappe locale qui terrorise profs et élèves s'en rend compte et voit rouge : Marie est à lui, et ce n'est pas ce gringalet sorti de nulle part avec ses vieilles fringues qui va la lui piquer ! Désormais, Nicolas sera la nouvelle cible du dénommé Dylan. Oh, au début ce sont de petites blagues qui ne méritent que d'être ignorées : un stylo qui disparaît, des remarques assassines lancées pendant les cours, des bousculades _faites exprès ? ou pas ? le doute est encore permis... Le temps passe... Nicolas fait une démonstration de flûte en cours de musique, sa popularité monte crescendo, l'intérêt que Marie lui porte aussi, et la pression que lui colle Dylan suit le mouvement, également... Seule la patience de la victime diminue petit à petit. Tout le monde sait, tout le monde voit, mais personne n'ose parler. Personne ne veut s'en mêler. Ni Dylan, ni Nicolas ne lâcheront le morceau sans se battre. Le drame sera inévitable.    


Une sonate pour Rudy est écrit sous la forme d'un journal tenu par Nicolas après "le drame", justement. Aussi voit-on parfaitement ce qui se passe dans la tête d'un élève harcelé : le doute d'abord (Est-ce qu'il m'en veut ? Est-ce que je suis parano ?) puis la culpabilité : si j'avais de plus beaux vêtements, si je n'avais pas dit que je savais jouer de la flûte traversière, si je n'avais pas regardé Marie, il m'aurait sûrement laissé tranquille. Je ne vais pas rajouter des problèmes à mes parents, ils en ont déjà assez ; et je ne veux pas que mes amis aient des ennuis à cause de moi. A coup sûr, l'histoire de Nicolas parlera à beaucoup d'élèves ; les codes de langage des collégiens sont efficacement retranscrits _sans trop en faire, l'écriture est légère et accessible ; l'auteure a su mettre en place une atmosphère de mystère et du suspense autour d'une chute qu'on devine tragique. Avec à la clé un effet de surprise que je me garderai bien de spoiler, pour une fois !


J'ajouterai seulement qu'en tant que documentaliste _et ancienne AE, la lecture d'Une sonate pour Rudy m'a surtout fait flipper : que se passe-t-il dans mon dos, que je ne vois pas, quels sont ces micro-événements dont je ne mesure peut-être pas la gravité lorsque je reprends les élèves sur telle ou telle remarque ? Comment distinguer un chouineur _si si, vous savez, ce chieur qui cherche tout le monde et qui, étonné de se faire remballer, vient  chialer sa mère dans vos frusques. Oui oui, ça existe aussi _ d'un cas de harcèlement ? Comment intervenir quand les harceleurs sont des élèves qui ressemblent à des anges ? Les collègues ont tellement de mal à y croire que vous venez à douter vous-même.. Eh oui, tels les porcs chasseurs d'enfants, certains élèves-bourreaux prennent soin de "bien s'entourer" et de se placer au-delà de tout soupçon pour s'assurer une confortable liberté d'action.


Un roman cousin de Je mourrai pas gibier ! de Guillaume Guéraud, en plus soft mais non moins représentatif de la réalité. C'est mon coup de coeur (frippé, parce que huit ans après la sortie du livre, quand même !) de la rentrée et il forme un parfait enchaînement avec celui de l'été : Brainless, de Jérôme Noirez.  



La cicatrice - Bruce Lowery (1960) 

Pas facile d'avoir treize ans et de s'intégrer dans sa nouvelle école lorsqu'on a un bec de lièvre et qu'on ne roule pas sur l'or. Jeff en fait la douloureuse expérience ; un jour, un garçon de sa classe décide de prendre sa défense.
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Brainless - Jérôme Noirez (2015) 
Brainless, (re)parlons-en ! 
A partir de maintenant je vais vous faire du réchauffé car tous les livres que je vais citer ont déjà fait l'objet d'un billet ici-même. Cet article est donc de la grosse arnaque.


Vermillion, une petite ville du Dakota. Jason est tellement bête que ses copains le surnomment Brainless, "le sans-cerveau". Aussi, quand il meurt accidentellement pendant l'été et ressuscite à l'état de zombie, après avoir perdu au passage pas mal de facultés mentales, personne ne voit la différence. Pourtant, il y en a une : Jason doit s'injecter quotidiennement du formol pour ne pas pourrir. Parviendra-t-il à cacher aux autres élèves son drôle d'état ?    

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Des Fleurs pour Algernon - Daniel Keyes (1966)

Charlie Gordon fait partie de ceux qu'on appelait à l'époque "les arriérés mentaux". Il travaille dans une boulangerie où on l'a embauché plus par charité que pour ses compétences et les autres employés se paient sa tête à longueur de journée. Le jeune homme n'a pas pleinement conscience des moqueries qu'il subit et interprète les petites violences quotidiennes de ses collègues comme des marques d'amitié. Un jour, il est choisi comme cobaye par des médecins qui ont mis au point une opération capable d'augmenter le Q.I d'un être vivant ; ça a marché sur la souris Algernon. Ca marche sur Charlie. Très bien. Trop bien ?


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Une Sonate pour Rudy, des Fleurs pour Algernon...
C'est quoi le prochain ?
Un Kebab pour ta Soeur ?
Non.


Mongol - Karin Serres (2003) 

Ludovic est un peu simplet ; il n'en faut pas plus à ses camarade de classes pour le traiter de mongol et pour le molester du matin au soir. Face aux agressions, le petit neuneu va réagir de façon tellement incongrue que les autres enfants vont s'en trouver tout désarçonnés : un beau pied de nez aux harceleurs !

Ce roman destiné aux élèves de CM peut largement être évoqué en 6° et après.



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L'étoile d'Indigo - Hilary Mac Kay (2004) 



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Cette micro-bibliographie est très loin d'être exhaustive ; n'hésitez pas à m'en proposer d'autres, ça aidera mes gosses !!!

Carrie - Stephen King




Paru en français en 1976, le premier roman du roi de l'horreur n'a pas pris beaucoup de rides. Même s'il est un peu violent pour le collège, il me semble accessible et intéressant pour des élèves de 3ème. 

Il est question de Carrie, 16 ans, qui vit l'enfer à la maison et au lycée : sa mère est très religieuse et la tient à l'écart du monde ; ses camarades de classent la harcèlent. En secret, elle s'entraîne à maîtriser son don de télékinésie, que pour l'instant elle ne contrôle pas, mais qui s'est déjà révélé ravageur; 

Le bal de fin d'année approche à grands pas... 


Camélia - Face à la meute - Cazenove  ; Bloz ; Nora Fraisse (2021) 


Camélia entre en seconde à l'internat ; pour elle, pas de grande nouveauté puisque c'est une cité scolaire où elle a déjà passé ses années de collège. Elle retrouve sa meilleure amie, devient copine avec le beau gosse de la classe ; tout pourrait bien se passer, mais Valentine et sa bande ont décidé de lui mener la vie dure. Elles vont progressivement y parvenir, poussant Camélia dans ses derniers retranchements, l'isolant toujours plus. Entre les amis qui se tiennent pas le choc et ses parents à qui elle ne peut rien dire, la lycéenne n'est pas loin de sombrer.  

Une BD réussie, assez réaliste mais teintée d'un message d'espoir, qui montre que le harcèlement peut tomber sur tout le monde. Quelques événements malencontreux, une rencontre néfaste, et nous voilà au fond du trou.

Une lecture très adaptée au collège, même si l'histoire met en scène une classe de seconde. 

L'album se clôture sur un fascicule documentaire plutôt bien fichu. 

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