samedi 12 octobre 2013

Sélection de contes pour les élèves de 6° : Les contes de la Saint-Glinglin - Robert Escarpit (1973)


Avant toute chose, saluons la venue sur ce blog d'un digne habitant de Fresney-le-Puceux, petite ville située près de Caen. Qu'il sache que sa visite m'a mise en joie, et que j'ai trouvé son toponyme cent fois plus drôle que celui de La Queue en Brie !

Ceci étant dit, continuons encore et toujours notre sélection de contes destinés aux élèves de 6°, même si la séance avec ces chers 6B est derrière nous depuis quelques temps !




Jusqu'à présent, Robert Escarpit était pour moi un fameux universitaire girondin spécialisé dans les Sciences de l'Information et de la Communication, un professeur de littérature doublé d'une casquette de journaliste, avec au bout de la visière des idées pour développer la documentation. Après la lecture des Contes de la Saint-Glinglin, j'ai réalisé qu'il était aussi un grand-père, et par extension un formidable conteur pour enfants. Dans ce recueil composé d'une quinzaine d'histoires sinon merveilleuses, au moins tirées par les cheveux, Robert Escarpit propose une origine rocambolesque à plusieurs expressions courantes de la langue française.  

Ainsi, Saint Glinglin prend les traits d'un brave moine sculpteur tellement étourdi qu'il est incapable de retrouver la porte du Paradis, malgré l'aide de la belle Lurette. Le guerrier Stentor à la voix puissante est parachuté en Cathiminie, un pays où le silence est sacré, car il a défié le Dieu Hermès. Lorsque la princesse Isabelle débarque dans la maisons de deux samouraïs, elle sème une jolie pagaille dans leur partie de go, qu'on ne peut jamais résoudre tout de go. Raymond d'Occitanie part chercher des haricots danseurs pour cuisiner des galipettes, ces gâteaux qui pourraient égayer le royaume triste. Le guilledou devient un passereau assez malin pour se jouer des soldats anglais qui l'importunent jusque dans son nid. Le baron de l'Enclume est désespéré car les vers qui devaient faire de lui le huitième poète de la Pleiade ont été en partie dévorés par une chèvre ! Il ne lui reste que les bouts rimés "am stram gram", voués peut-être à gagner une certaine renommée eux aussi...

Désolée, l'occasion était trop belle
Mylène Farmer, L’Âme Stram Gram (1999)

.. Bien d'autres héros maudits malgré leur bonté notoire justifient un idiome bien connu de nos conversations quotidiennes ; le père Limpimpin, la bonne Franquette, l'inventeur de la poudre d'Escampette.. On s'étonnera d'ailleurs que la plupart d'entre eux connaissent une souffrance plus ou moins profonde et plus ou moins durable au cours de leurs aventures. Si Les contes de la Saint-Glinglin sont présentés comme susceptibles de faire rire les jeunes lecteurs, ils n'en sont pas moins porteurs d'une certaine mélancolie. Les protagonistes sont attachants parce qu'ils sont exclus, rejetés, moqués, frappés par le malheur : on a envie de les voir s'en sortir. Or les histoires de Robert Escarpit ne nous apportent pas toujours satisfaction sur ce plan-là. Elles n'en demeurent pas moins addictives, tant l'imagination de l'auteur a craché des pépites aux quatre coins des pages, au point de pousser le lecteur à se dire "il fallait y penser !" après chaque dénouement. A tel point que je me demande si l'exercice ne pourrait pas être proposé aux gosses dans le cadre d'un travail d'écriture. La consigne pourrait être : "Avoir le feu au cul" "Etre aux anges" : inventez une histoire pour raconter d'où peut venir cette expression, comment elle est née.  

Sur ce, je m'en vais chercher la signification de "Passez muscade !", une façon de parler qui m'a toujours laissée perplexe, pour ne pas dire à la limite de la frustration.

Au passage, voici un site référence pour obtenir la signification d'une expression : Francparler.comCependant, comme je n'y ai pas trouvé "Passez muscade !", je suggère aussi Expressio.fr(*) sans doute moins fiable et moins complet, mais qui a eu le mérite de m'apporter une hypothèse qui se tient sur la route des épices et la ressemblance entre les noix de muscade et les boulettes de liège utilisées pour les tours de passe-passe à l'époque.

Résumé pour les gosses 
Quand on parle avec ses amis, on utilise tous des expressions familières qu'on comprend mais qu'on n'est pas toujours capable d'expliquer : à tire-larigot, il y a belle lurette, Tartempion, à la bonne franquette... L'auteur s'est demandé d'où elles pouvaient bien venir, il  a fait marcher son imagination et il a écrit quinze contes surprenants et amusants pour raconter leur origine.    

La difficulté réside dans la décision d'annoncer ou non aux élèves le caractère fictif des histoires ; en principe, s'ils ont étudié le conte, ils doivent savoir que les explications sont par définition fictives, mais bon... Si cela nous paraît évident, ça ne l'est pas pour eux.


Edition utilisée :
ESCARPIT, Robert. Les contes de la Saint-Glinglin. Le Livre de Poche Jeunesse. 2007. 208 p. ISBN 978-2-01-322494-9

Illustrations de Sylvie François


* What else ? Ah ah !




Aucun commentaire: