lundi 29 avril 2013

Dans la série "déjà on sait ce qu'on veut pas" : la brève immobilière du 29 avril 2013



L'année dernière, en cette même période printanière, j'étais en train de vous parler de Morgane rousse cool du Huit à Huit qui m'avait fait visiter son appartement. Ou alors je m'apprêtais à le faire. Peu importe. Bien que nous ne nous soyons pas recroisées depuis, et que le Huit à Huit soit devenu Carrefour City, il m'arrive de repenser à cette rencontre hallucinante à chaque fois que j'entreprends une recherche de logement. C'est à dire souvent. Alors, ma devise est désormais : "ouvre l'oeil et regarde bien qui est derrière la porte, t'auras l'air moins conne en faisant tes courses." Pour une plus grande efficacité, Bubulle examine tout ce qui relève de l'immobilier, tandis que je photographie mentalement le locataire en faisant semblant de me préoccuper de l'isolation du bâtiment. Du reste, j'y accorde réellement une grande importance. 


Parce que le moisi sur les murs, non merci !


A propos de photos, on dit toujours que les annonces qui n'en proposent pas laissent présager du pire ! Mais Bubulle et moi ne sommes pas du style à céder aux idées reçues : tout le monde n'a pas forcément d'appareil photo numérique sous la main, ni de smartphone, même si cela nous semble de plus en plus difficile à concevoir. Après tout, Moins Deux Pixels n'est arrivé parmi nous que peu de temps avant Noël... Aussi avons-nous décidé de laisser sa chance à un T2 meublé pas très cher, coincé parmi les offres illustrées de la page beige du Bon Coin, et pourtant doté des plus grande qualités ; il était entre autres "proche de tout", formule qui, à bien y regarder, est tout de même assez extravagante.  

Bubulle envoie un mail, et la locataire actuelle lui répond dans la foulée : elle est obligée de vider les lieux au plus vite à cause d'un fâcheux manque de thunes, c'est dommage car elle s'y plaisait bien, d'autant plus que "les propriétaires sont arrangeants". La visite est prévue pour le mercredi après-midi suivant, seul moment de la semaine où nous sommes libres toutes les deux.

My appartment - Ben Kweller


S'il était osé de parler d'un habitat "proche de tout", Bubulle n'a pas eu de difficulté à le localiser quand elle est partie en repérage. Les sonnettes des quatre appartements sont hors-service, mais la porte principale du bâtiment n'est pas verrouillée. Devant nous, un couloir aboutissant sur un escalier. A notre gauche, les boîtes aux lettres, à notre droite, les voisins potentiels parlent de cul en toute innocence, la porte entrouverte ; Bubulle leur demande quelques informations de base (sur la location) et ils nous engagent à monter l'escalier et à toquer à la première porte à droite. "Les voisins sont adorables", disait l'annonce : on n'en a pas douté une seconde !


J'avais bien dans l'idée vivre sur piloris et de faire un jardin, un jour, mais pas tout de suite ! En haut de l'escalier s'étendait une "cour commune" autour de laquelle deux appartements faisaient face à un troisième. Comme il faisait beau et que les trois locataires avaient bordé leurs portes de fleurs, cette cour extérieure aux rambardes boisées surplombant le cagibi du rez de chaussée avait tout pour plaire.

"Bonjour, on cherche le T2 à louer ...

_ C'est ici ! Entrez !

Déjà, ça pue ; un mélange de produits d'entretien, de moisi et de fumier canin parfume l'air ambiant. 
En arrivant au rendez-vous un peu plus tôt que prévu, on a surpris la locataire en plein passage de torche ; mais ça n'a pas eu l'air de la froisser, bien au contraire. Sans doute étudiante, un peu hippie sur les bords, elle nous emmène aussitôt dans la pièce principale, certes "un peu sombre", mais idéale pour faire "de bonnes soirées entre potes". La cuisine (ah, c'est là !) "équipée" est munie de "nombreux placards" (ça tombe bien !) et d'un évier que, curieusement, elle occulte, et pour cause : même les populations ancestrales du village troglodyte de la Roque Saint Christophe faisaient mieux en terme d'entretien et de modernité !





"Et voilà la salle de bains... qui remplit bien son rôle de salle de bains..."

Oui, il fallait comprendre que la salle de bains était petite et moche, voire dangereuse pour une personne un tant soit peu maladroite. La jeune Morgane (encore une !) fait tout son possible pour rendre son T2 vendable, et s'efforce de nous convaincre que si on n'a certes pas encore trouvé le moyen de transformer le cuivre en or, on vole cependant aussi aisément l'un que l'autre.

Très bien, très bien ; mais cela ne nous dit pas comment on fait pour aérer la chambre à coucher, parce qu'avec un vélux de 10 centimètres sur 15 et un plafond haut de 4 mètres, pas étonnant que l'odeur de moisi encombre l'air ambiant. Ah, pour être "une grande chambre", c'en est une ; surtout en hauteur !

Cet échange de bons procédés a duré cinq minutes montre en main. En sortant, j'étais simplement sceptique, parce que j'ai toujours habité dans des endroits à la limite de la vétusté et que les vieux murs dégagent une chaleur ou une fraîcheur rassurante. Mais en y repensant, la puanteur était vraiment trop forte pour être passagère, et pour couronner le tout, on se serait pelées en hiver !   
  

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