dimanche 15 juillet 2012

Les Aigles Décapitées - Tome 8 - La marque de Nolwenn - Jean-Charles Kraehn ; Michel Pierret. 1994


Où est-ce qu'on en était ?   

Très exactement là où le tome 7 des Aigles Décapitées s'était arrêté. Eh oui.



Sigwald n'est pas encore enseveli que déjà, les affaires de la cour reprennent à Crozenc. Hughes entretient une rancoeur envers sa pseudo-femme Nolwenn, qu'il juge en partie responsable de la mort de son père spirituel. Il se décide à la répudier, l'accusant de s'être aventurée aux frontières de l'adultère, et la fait enfermer dans la Tour Grosse en attendant que le Seigneur Alphonse de Poitiers la condamne officiellement. Il n'envisage pas une seule seconde que la petite bretonne puisse être enceinte de lui... ce qui est bel et bien le cas, cependant.    


Il faut dire que le crime avorté de la jeune femme au fort caractère fait les affaires du Seigneur de Crozenc : enfermée dans la Grande Tour en attendant la condamnation officielle d'Alphonse de Poitiers, elle ne risque pas d'entraver ses amours avec Alix ! Les amoureux rattrapent de belle manière leurs longs mois d'éloignement et le "temps perdu" est une raison toute trouvée pour s'adonner à de longues parties de jambes en l'air.  

Alix se laisse attendrir, Nolwenn explose de rage.  

En amante comblée (et rassasiée ? ), Alix rend les armes devant celle qui était pour elle une rivale, un obstacle à son amour. Non seulement, elle ne perçoit plus Nolwenn comme une femelle potentiellement menaçante pour son couple, mais en plus, elle la prend en pitié, craignant que la condamnation soit disproportionnée. Aussi, une nuit, alors que personne ne lui a rien demandé et qu'elle n'a aucune raison personnelle d'agir ainsi, Alix monte à la Tour Grosse et libère la prisonnière pleine des oeuvres de son mari, à la surprise de tous, y compris du lecteur.

Alix, ou comment se créer des problèmes quand on n'en a pas !

Pensant à son enfant, Nolwenn ravale la fierté qui la poussait à refuser l'aide de sa rivale victorieuse et prend effectivement la fuite sans ôter la malédiction dont elle a affublé Hughes et Alix le jour de son jugement. Dès lors, elle n'aura de cesse de faire de son ventre une priorité, non pas par instinct maternel mais parce qu'il est de fait l'héritier de Crozenc, et qu'il peut donc la maintenir à une distance raisonnable du pouvoir.

Ravenaud redevient l'ennemi numéro 1  

Un peu comme dans les premiers volumes de la série, Ravenaud, le maître du château de Cuzion, occupe une place de triste sire bien décidé à voler la vedette à Hughes de Crozenc. Il n'est plus nécessaire de rappeler qu'entre eux, le torchon brûle. Le chevalier brun et un poil butor, toujours amoureux de Nolwenn, sait très bien que son suzerain est affaibli par la mort de Sigwald, ce sage conseiller qui pouvait renifler une trahison à des lieues à la ronde ! L'arrivée à Cuzion de celui qu'il appelle toujours le Bâtard n'est pas une surprise pour lui : il sait très bien que le blondinet veut récupérer ses terres ; aussi ne se gêne-t-il pas pour lui tendre une embuscade dans laquelle l'autre tombe aussitôt. Par miracle, Hughes échappe à la mort et se replie, seul, piteux, sans monture, dans la forêt. Pas de bol ! Il tombe sur Nolwenn, qui l'assomme et, d'abord tentée de le tuer, se ravise et dessine sur son visage une entaille sanglante : dorénavant, grâce à sa "marque", il ne pourra plus oublier sa première femme ! D'où le titre de ce huitième tome.

Montrez ce que vous avez dans le ventre ! 


Nolwenn est une fois de plus le personnage haut en couleur qui fait la force de l'album et la consistance ce l'histoire.  En bonne Agrippine médiévale, elle fait le voeu de détruire tout ce qui pourra faire obstacle à son accès au trône : du coup, le moindre de ses actes devient stratégique. Elle épargne Hughes car elle sait qu'il ne pourra reconnaître son enfant que s'il est vivant, mais regrette aussitôt sa clémence lorsqu'elle apprend qu'il n'est pas vraiment de sang noble. Celle qui se disait fidèle et réellement éprise de son mari, n'hésite par à s'offrir à un Ravenaud à moitié bourré : peut-être lui sera-t-il utile de lui faire croire que l'enfant qu'elle porte dans son ventre est le sien ? Les Aigles Décapitées est décidément une série où la ruse féminine se déploie sous toutes ses formes et finira sans doute par l'emporter, à l'instar d'Alix à poil sur Hughes qui n'en revient toujours pas... 



KRAEHN, Jean-Charles ; PIERRET, Michel. Les Aigles Décapitées. Tome 8 : "La marque de Nolwenn". Glénat. 1994. Coll. "Vécu". 48 p.  
     





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