dimanche 31 juillet 2011

L'assassin royal - 6 - La reine solitaire - Robin Hobb

           Un an jour pour jour après avoir commencé la lecture de l'Assassin Royal, je viens de terminer le tome 6 intitulé "La Reine solitaire". Ce volume clôt la Trilogie des Loinvoyant, c'est-à-dire le premier cycle des aventures de FitzChevalerie et de ses amis au Royaume des Six Duchés. Initialement, Robin Hobb n'avait pas envisagé de suite pour cette oeuvre, c'est pourquoi une ambiance d'adieux, de chaos et de secrets dévoilés plane sur l'action et sur les personnages.

Où est-ce qu'on en était ? 


           FitzChevalerie et ses amis ont suivi la route magique au-delà du Royaume des Montagnes pour arriver sur les terres des Anciens tant convoités par Vérité. Ils espèrent d'ailleurs l'y retrouver, sans savoir s'il est encore en vie, et sans avoir aucun aperçu de ces lieux sacrés qui ne sont présents sur aucune des cartes qu'ils possèdent, puisque personne n'en est jamais revenu assez sain d'esprit pour en rendre compte.

       C'est ainsi que Fitz, le Fou, Kettricken la "reine solitaire", Astérie la ménestrelle nymphomane et Caudron, la vieille dame énigmatique, établissent leur campement dans une cité en ruine, puis dans une carrière de pierre noire peuplée de dragons sculptés dans la roche tellement réalistes qu'on les croirait vivants. La méfiance est plus que jamais de rigueur car Royal et son clan d'artiseurs les ont poursuivis jusque dans ces contrées méconnues.

            Où est donc Vérité, roi légitime des Six Duchés ? Ils étaient censés le retrouver à cet endroit précis, mais réalisent que la région est trop désertique pour que quelqu'un s'y soit éternisé plus de quelques jours. Pourtant, ils remarquent un vieillard occupé à sculpter un dragon dans la pierre avec son épée, et ils reconnaissent aussitôt en lui le sauveur, l'oncle ou le mari qui a motivé leur long voyage. Malheureusement, il leur apparaît comme plus qu'à moitié fou ; obsédé par la sculpture de cet animal qui semble si important à ses yeux, il ne ressent plus rien, il a oublié tout le monde, en particulier sa femme. Cette dernière, très enthousiaste à l'idée de le retrouver, connaît un  grand moment de solitude face à lui ; d'où le titre de "reine solitaire".

"Foutez-moi la paix, vous voyez bien que je boude."
Un bouquet final ! 

            En retrouvant Vérité, l'Assassin Royal est parvenu à la fin de sa mission. Mais bien des énigmes ne sont pas encore résolues, bien des questions n'ont pas trouvé de réponses. Robin Hobb a estimé bien justement qu'il fallait régler tous ces problèmes vite et bien pour que l'histoire puisse se terminer comme il se doit. Voilà pourquoi L'Assassin Royal 6 est le volet le plus dense et le plus envoûtant de la saga, avec ses révélations toutes les deux pages que j'aurai bien du mal à ne pas faire partager au premier qui me dira qu'il vient de commencer la série ! Pas grand chose à redire, bien au contraire, sinon peut-être que, à vouloir mettre un point final à tous et à tout, on règle trop rapidement le sort des protagonistes, quitte à modifier considérablement leur caractère pour y parvenir. Le mystère de la vieille Caudron est vite exposé, et beaucoup d'énigmes planent encore sur le Fou après les dernières pages. 

         
Que ceux qui veulent découvrir par eux-mêmes s'arrêtent là !

Les Anciens 

           Jusqu'à présent, je trouvais que l'Assassin Royal avait beau être ancré incontestablement dans le genre de la Fantasy, par son univers médiéval imaginaire doté de sa propre géographie, brillait par ses personnages et ses situations somme toute assez réalistes. Elles n'étaient, en tous cas, pas tirées par les cheveux à l'extrême. Aussi, quand j'ai compris que Robin Hobb comptait intégrer des dragons à l'action - ben oui, on se doutait bien que ces dragons en pierre allaient se réveiller pour servir à quelque chose - j'ai eu un peu peur. Un instant, en voyant que ces dragons n'étaient autres que les fameux Anciens, j'ai imaginé la Robin Hobb en soirée avec des amis, une bière dans chaque main : "Allez, t'es pas cap de semer des dragons dans l'Assassin Royal" "Ben j'sais pas, ça collerait pas trop avec le reste, en fait" "Ah tu vois t'est pas cap" "Ta gueule Bernard, quand tu veux, je t'en fous des dragons dans l'Assassin Royal. Et même une guerre de dragons, si tu veux !""Allez chiche !" 

          Cela ne s'est sans doute pas passé de cette manière, car les dragons ont vraiment un statut particulier dans cette oeuvre, et leur utilisation est plus qu'originale. L'idée était mûrement réfléchie à n'en pas douter. C'est étonnant de voir comment magie et réalisme font bon ménage chez cette écrivaine, et à quel point il est facile d'adhérer aux phénomènes les plus farfelus quand c'est elle qui nous les présente. 

Les pieds sur terre 

          L'ouvrage est efficace justement parce qu'il n'a jamais voulu se prendre pour un conte de fées : le héros ne finit pas riche, aimé de tous. Il s'est clairement fait à l'idée de ne jamais voir le seul enfant qu'il a eu. J'aurais sans doute pleuré à la fin si je n'avais pas su que Robin Hobb avait écrit le second cycle des aventures de Fitz, parce que mince ! Même s'il ne meurt pas, c'est pas une fin pour un héros ! Tout ça pour ça ! Il me tarde donc de découvrir le cycle du Prophète Blanc, soit les volumes 7 à 13 de l'Assassin Royal, si l'on suit le "découpage" en fines tranches des maisons d'édition françaises qui est commercialement plus avantageux que les quatre gros bouquins initiaux ! 

        Mais des connaisseurs m'ont dit qu'il convenait de s'atteler tout d'abord aux Aventuriers de la Mer : cette série, également écrite par Robin Hobb, met en scène des personnages et une intrigue différents, tout en se déroulant dans le décor des Six Duchés... On va voir ce que ça donne. 



Robin Hobb. L'Assassin Royal 6. "La Reine Solitaire". 1997, parution française en 2000
Illustration : Editions France Loisirs, Coll. Piment. 395 p. 2001




           

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