samedi 26 février 2011

L'hérésie du mois - Balzac aurait quand même pu synthétiser!


Il arrive qu'on "bloque" sur des livres, sans savoir pourquoi. On lit les deux premiers paragraphes, et puis aussitôt, l'esprit s'égare, les yeux parcourent les pages suivantes sans comprendre. Alors, on se rend compte qu'on est mal parti, et que le mieux et de revenir à la case départ pendant qu'il est encore temps. On recommence, et l'histoire se répète. A la troisième tentative, après la joie d'être enfin arrivé à tourner la page une fois de plus que lors des précédentes, vient le découragement de voir qu'il en reste encore 40 à lire avant la clôture du chapitre 1. Chaque phrase devient alors un supplice; on se prend de haine pour un contexte ou un personnage qui nous demande tant d'efforts : à ce moment-là, il est préférable d'abandonner. Quelques ouvrages m'ont joué ce tour : Robinson Crusoé, Les Chouans, Trois Ages de la Nuit (des histoires de sorcières, d'après le résumé)...      

Cependant, après 10 ans de persévérance, j'ai réussi à finir Les Chouans, un des premiers romans d'Honoré de Balzac, si ce n'est le premier, d'ailleurs, écrit entre 1828 et 1829. 

Vas-y, fais comme chez toi!

L'histoire 
Au lendemain de la Révolution et de la Terreur, les soldats républicains s'efforcent de contenir les partisans de la monarchie. Les Chouans, appelés ainsi car ils imitent fort bien le cri de la chouette, sont recrutés dans les villages de Bretagne et s'organisent en petites bandes pour jouer des tours aux Bleus (les républicains) et saboter leurs opérations militaires dans une campagne qu'ils connaissent comme leur poche.  

Digression historico-technique ! 
Attention, web 2.0 power : concernant ce plantage de décor, je demande aux historiens de passage de bien vouloir me signaler en commentaire les erreurs que j'ai pu faire! Lorsque vous écrivez un commentaire, n'oubliez pas de mettre un prénom (ou un truc bidon) dans le champ étudié pour, car si jamais vous ne  remplissez pas ce champ, et qu'en plus vous surfez en incognito, eh bien votre précieuse contribution sera virée en spam automatiquement et il me sera impossible d'en tenir compte! Ce serait balo, non? D'autant plus que je n'ai jamais vraiment compris les subtilités qui distinguent Chouans, royalistes, indépendantistes, contre-chouans mais pas républicains non plus, etc... 

L'histoire commence un matin de septembre 1799; pour alimenter les troupes républicaines, le commandant Hulot est allé recruter de la chair fraîche en Bretagne. Ces jeunes paysans ne sont pas enchantés de servir une cause à laquelle ils n'adhèrent pas. Ils sont vêtus de peaux de moutons. Oui, c'est une information importante. La preuve, il y a au moins 4 pagnes consacrés aux comportements vestimentaires de cette population. 
Rangés en colonne et escortés par un grand nombre de Bleus, ils marchent dans la campagne entre Fougères et Mayenne. 

Généralement, je m'arrête là. Voilà donc dix ans que la colonne de conscrits tourne en rond sur une étagère.

C'est alors que Marche-à-Terre, un curieux personnage qui tient plus de la bête que de l'homme, qui n'appartient pas au contingent, apparaît dans le champ de vision de Hulot. Il comprend alors qu'ils sont tombés dans une embuscade tendue par des Chouans qu'il avait sous estimés. Première baston de l'histoire, sans trop de pertes cependant; elle ne sert à rien si ce n'est à nous indiquer comment les défenseurs du roi procèdent, et qui est Hulot : un "citoyen" gradé, craint mais honnête, et visiblement plus tout jeune. 

Chapitre 2 : première fois que je vais aussi loin! Les pages sont jaunies, mais toutes lisses, et complètement nettes de toutes sortes d'éclaboussures chlorées : c'est au bord de la piscine municipale que j'avais attaqué ce roman, et il s'en souvient encore.  

Quelques mois plus tard, le même Hulot et sa brigade sont envoyés en campagne contre les Chouans, plus particulièrement contre leur chef, le marquis de Montauran. Mais ce n'est pas par la force des armes que ses supérieurs veulent venir à bout du jeune noble : ils ont prévu un appât féminin, Marie de Verneuil, une aristocrate au passé non identifié, ralliée à la cause des Bleus. Comme les soldats n'ont pas été mis dans la confidence stratégique, ils sont fort surpris d'être réquisitionnés pour seulement accompagner la voiture d'une bonne femme et de sa servante (Francine, comme la farine). 

Magnifique ou chiant, ou les deux, c'est selon!
Effectivement, le piège va fonctionner à merveille, mais peut-être trop! Alors que Marie a pour mission de séduire ce Montauran qu'elle n'a jamais vu, c'est une romance bien profonde et bien vicieuse qui va naître d'une première rencontre au cours de laquelle ils masquent leur identité. Du compliqué, du tordu, du psychologico-torturo-romantique : c'est Balzac. 

Mince, j'avais perdu l'habitude de lire des ouvrages aussi "complexes" que ce classique. Si bien que Balzac a vite fait de me perdre dans ses prolepses, analepses et la mobilité extraordinaire et simultanées de ses 7 ou 8 personnages principaux! Au moins, ça fait travailler le cerveau!

Je n'apprends rien à personne en disant que ce qui est rebutant chez Balzac, c'est l'affluence de détails.  Contrairement aux apparences, les descriptions minutieuses de l'auteur, qu'elles concernent les personnages, leur psychologie ou le décor de l'action servent bien à quelque chose, même si on a souvent envie de sauter 4-5 pages ni vu ni connu. Du moins certaines; si on a loupé le moment où il est dit qu'un personnage a tel ou tel trait de caractère, tapi dans les tréfonds de son âme, on ne comprend pas ses actions et ses réactions.

Cependant, c'est lourd quand même; les amateurs de bonne/grande/vraie littérature on beau dire que Balzac arrache les larmes au détour de chaque paragraphe, je pense qu'il faut vraiment s'accrocher. Surtout au début. Pour avoir lu quelques uns de ses romans dans le temps, j'aime bien comparer -sans ironie aucune- l'oeuvre de Balzac à un pot de rillettes de supermarché : une fois qu'on a enlevé la couche de paraffine blanche toute plastique et dégueu, on peut taper dans "le meilleur" qui dure jusqu'aux pages finales!


Si vous êtes chercheur spécialisés dans la question des échaliers en Bretagne, ou que vous faites une thèse sur les codes vestimentaires chez le paysan breton à la fin du XVIII°, de très belles descriptions aussi longues et pittoresques qu'encyclopédiques n'attendent que vous!  

Illustration : Balzac. Les Chouans. Le Livre de Poche, Paris. 1975 

Pour ceux qui veulent s'y mettre : 

samedi 19 février 2011

Louise-Michel - Gustave Kervern/Benoît Delépine - (2008)

Il eût été de bon ton que j'écrive quelques phrases irréfléchies sur cette Louise Michel-là ... 

"Quoi, quoi, tu veux ma photo?

... mais ce sera pour une autre fois, car aujourd'hui je vais plutôt parler d'eux : 



            Louise et ses collègues sont employées dans une usine de fabrication de ... de quoi en fait? on ne sait pas trop, mais des vêtements ou doudous pour bébés, d'après les emballages. Le synopsis d'Allociné indique que les ouvrières fabriquent des cintres, mais je ne suis pas convaincue... Bref! L'usine va être délocalisée, et le DRH ne sait pas comment annoncer la nouvelle à ces dames aux visages vides de toute expression, que la fatigue d'une journée de boulot rendent impatientes. Pour noyer le poisson, il se contente de leur offrir de nouvelles blouses de travail, en leur assurant que la boîte ne fait que traverser une mauvaise passe. Le lendemain, elles découvrent avec surprise que l'entreprise a été déménagée pendant la nuit. 

               Soit dit en passant, la situation burlesque de la distribution des "cadeaux" précédant la fermeture de l'usine à l'insu de toutes est a peine exagérée, pour ne pas dire bien plus réaliste que souhaité. Une vague de licenciement, un dépôt de bilan se produit assez fréquemment après une note positive servant à calmer la panique liée aux rumeurs (gadgets, prime ou matériel neuf). De la même manière qu'un président de club de foot encense l'entraîneur de l'équipe avant de le virer, une cérémonieuse remise de médailles d'ancienneté aux ouvriers leur indique élégamment que c'est la fin des haricots, et que la boîte ne verra pas le nouvel an.   

Buter le patron?  
         Le sentiment de foutage de gueule exacerbé par la précarité amène les ouvrières à réunir leurs indemnités pour faire quelque chose avec, histoire de s'en sortir. Mais quoi? "On pourrait faire buter le patron par un professionnel?" suggère Louise. Ses collègues approuvent aussitôt l'idée, parce qu'effectivement, c'est toujours la première intervention à laquelle on pense sans forcément le dire, et surtout sans oser le faire par peur de tomber sous le coup de la loi; or, dans un film, tout est possible, alors pourquoi se gêner?  

           Louise est une ouvrière un peu isolée dans cette usine, bien qu'appréciée de ses collègues. D'apparence rude, elle vit seule et tente d'apprendre à lire. Cet illettrisme bien camouflé va d'ailleurs lui jouer des tours pendant toute l'histoire. Malgré ses difficultés d'interactions sociales, elle se charge d'organiser le crime, car après tout, c'est son idée. Mais lorsqu'elle part à la recherche de Luigi, une de ses connaissances visiblement peu recommandables, il ne se montre pas emballé. C'est totalement par hasard qu'elle rencontre Michel, en lui ramenant le flingue qu'il a laissé tomber de sa poche sans même s'en apercevoir. Et bam, ça fait des chocapics : une équipe de tueurs est née! 

Identités et illusions, attention révélations!  
              Michel n'est pas le tueur professionnel recherché par les ouvrières, mais plutôt un vague agent de sécurité dans un village de mobil homes, et encore, rien n'est moins certain. Devant Louise, il aime s'inventer un passé militaire glorieux, du Chemin des Dames jusqu'au Viêt Nam, en accumulant des répliques d'armes dans un coin de sa caravane. En réalité, il n'est pas foutu de tuer un chien. Sa technique : repérer une personne condamnée par la maladie et lui faire commettre le crime à sa place après l'avoir convaincue qu'elle n'avait rien à perdre. C'est affreux, dérangeant, mais tellement efficace!  
  
            Louise et Michel sont considérés comme des simples d'esprit, des marginaux dont on ne pense pas une seconde à se méfier sérieusement, parce qu'on sait très bien qu'ils n'auront même pas la vivacité d'esprit de vous chouraver quoi que ce soit. Pourtant, sous l'écorce chevelue du Louise (Yolande Moreau), se cache Jean-Pierre, un exploitant agricole endetté qui a pris 15 ans pour avoir explosé la tête de son banquier. Quant à Michel (Bouli Lanners, oui, Bouli comme le bonhomme de neige! Mais ce n'est pas son vrai prénom), on devine qu'il s'appelle en réalité Cathy. Leur heureuse rencontre sera d'ailleurs conclue par l'accouchement de ladite Cathy barbue aux cinquante pistolets. Au delà de la dimension absurde et comique du film, on ne vous le dira jamais assez : méfiez-vous de l'eau qui mord!  

            Où est la réalité? où est l'illusion? l'absurde rôde dans toutes les classes sociales. Il y aurait bien d'autres choses, intelligentes ou pas, à dire sur ce film.  


Daniel Johnston - A lonely song, le morceau qui ponctue vraiment bien le film.  

Spéciale dédicace à Bubulle : pff je voulais boucler ce billet hier pour que tu puisses le voir correctement, mais j'ai pas réussi :-(   

vendredi 11 février 2011

Roux Cools - le surimi

          Le surimi n'est pas une personne, mais il est roux, cela ne fait aucun doute! Il est par ailleurs extrêmement cool, pour celui qui aime en manger. Aliment protéiforme et souple d'utilisation, il devient tout à fait légitimement notre Roux Cool du moment!

Ce bâtonnet de surimi pense qu'il est blond vénitien.

Métamorphoses 

             Selon l'encyclopédie Larousse, on appelle "surimi" la "pâte constituée de chair de poisson arômatisée au crabe", généralement vendue sous forme de bâtonnets." Le poisson dont la chair est roulée en bûchettes caoutchouteuses pour notre plus grand bonheur est officiellement du colin d'Alaska, officieusement autre chose; l'important, c'est qu'au bout du compte on ait l'impression d'avoir mangé du crabe.

Bien qu'on l'associe à sa forme de bâton susceptible d'être trempé dans toutes sortes de sauces, on apprécie également le surimi en débris râpés qui viennent délicatement se fondre dans les sandwichs et les salades, ou encore on s'empresse de le découper en dés... Pourtant, ce n'est que lorsqu'il est présenté en tranches ou en médaillons qu'il devient esthétiquement émouvant :

Grandiose! On dirait le cartilage de la tête d'un poisson de la période jurassique!

Polémique
          Afin de réaliser une synthèse des représentations récentes du surimi dans le monde francophone, j'ai fait une veille informationnelle sur la question du surimi en général, puis sur sa composition et sa fabrication. Alerti, mon nouvel ami, beaucoup plus sympa que Google Alertes, a donc fouiné pour moi dans toutes les sources possibles, des vieux sites web jamais mis à jour depuis 1997 jusqu'aux profils Facebook, Twitter (non bloqués, sans doute, enfin il faut l'espérer!), blogs et autres sites dynamiques.
         Résultats de l'opération

  • Il apparaît que beacoup de gens ont vécu une expérience personnelle avec le surimi sous toutes ses formes. Ils préfèrent généralement les partager sur Twitter :

                    M. "mange un surimi pour couper la faim et puis va se coucher"
                    S. "aujoud'hui, j'ai mangé 10 bâtons de surimi :$" 

  •  Facebook sert plutôt à annoncer des menus où les bâtonnets roux interviennent, ainsi que les recettes, sans doute parce qu'il n'y a pas de limitation de caractères et que c'est un réseau qui permet un partage simple et intuitif des photos. Mais contre toutes attentes, la dimension affective est beaucoup moins présente. Le surimi, un goût qui dérange? En tous cas, on n'en parle pas ouvertement sur les murs. Une blague sur le surimi a aussi été répertoriée sur un profil Facebook, mais j'avoue que je ne l'ai pas comprise.
  • Quand le surimi est apprécié, il peut également devenir un surnom; à l'approche de la Saint Valentin, on n'est pas à l'abri de rencontrer dans un coin de la toile des "Sushi&Surimi 4ever" qui ne s'inventent pas!

           Malgré une notoriété incontestable, le surimi a évidemment sa part d'ombre. Toujours sur Twitter, en réponse à son très spontané "j'adore manger des bâtonnets de surimi avec de la mayonnaise quand j'ai un ptit creux :-p", S. s'est vue répondre un cassant et mystérieux "si tu avais vu le reportage d'envoyé spécial sur le surimi, plus jamais tu en mangerais!!!" Tiens donc ...   

Serait-il question de la composition de la pâte à surimi? de ses modes de fabrication? de son apport nutritionnel? de ce avec quoi on a l'habitude de le consommer? Bien que le guide de l'alimentation pour tous réalisé par l'INPES dans le cadre du Programme National Nutrition Santé, intitulé "La Santé vient en mangeant" (2009), suggère essentiellement l'intégration du surimi aux salades, dans la réalité des faits, on constate qu'il figure surtout parmi les recettes à base de pâtes, sur les sites et blogs de cuisine. Il est particulièrement apprécié dans ces occasions.

Le problème du surimi est qu'il est apparemment aussi sucré qu'un Nutella à la crêpe, à la différence qu'on ne s'en rend pas compte. Cependant cette information date de 2004; on comptait alors l'équivalent de 6 morceaux de sucre dans un sachet de surimis : le produit d'aujourd'hui a peut-être évolué...
De là à tomber dans une propagande anti-surimi digne de celles que ce site tente de développer, il n'y a qu'un pas! Or, elle sera à coup sûr contrebalancée par LoveSurimi et sa valorisation des rouleaux vermillons comme remède à tous les maux du monde! A vous de faire la part des choses! Après mûre réflexion, je me suis dit qu'il serait de bon ton d'aller proposer un article sur cette petite limace orange à ventre blanc qu'est le surimi à la Désencyclopédie, mais trop tard, il y en a déjà un!  

Surimi, le grand jeu
Un peu de légèreté, que diable!
Vous savez tous que chaque bâton de surimi est équipé de rayures verticales antidérapantes en surface, qui lui servent à éviter les désagréments de l'aquaplanning sur mayonnaise.
Sachant que les rayures du surimi sont également espacées de 0.5mm, et que la longueur d'un côté du parallélipipède rectangle surimi (Odyssée standard) déroulé est de 6cm, combien y a-t-il de rayures à la surface du surimi?

Allez allez, tous à vos calculatrices, PGCD power!!!!
Le premier qui trouve la réponse me la dira à l'oreille, d'abord, parce que ça m'évitera de chercher, et puis il gagnera une boîte familiale de surimi (rechargeable, car en plastique!)


samedi 5 février 2011

L'hérésie du mois (de janvier, en retard) - Loving Annabelle, c'est bien, mais pas top!


Beaucoup se demanderont : "Hein! de quoi elle parle? Où est le blasphème puisqu'on ne sait même pas de quoi il s'agit? Je vous répondrai que, chez les amateurs de références culturelles gaies en tous genres, qualifier ainsi le film culte qu'est Loving Annabelle peut être fort mal perçu!
Gay? Baaahh dégueuu!!!
Mais non, mais non; en tous cas, l'hérésie n'est pas là!


 Annabelle en flagrant délit de matage

L'histoire
Etats-Unis. Apparemment de nos jours, vu que les personnages ont tous des jolis portables.

Après avoir été virée de deux écoles pour des raisons disciplinaires, Annabelle, fille d'une sénatrice overbookée, est placée dans un internat aux règles strictes. Elle tombe sous le charme de sa prof d'anglais, qui est aussi, tiens donc! sa responsable de dortoir. Elle commence alors à la draguer furieusement en lui lançant des regards concupiscents pendant les cours.  

Pourquoi balance-je??
Loving Annabelle fait partie de ces films à la fois surprenants et superficiels que l'on regarde en boucle jusqu'à saturation pendant quelques mois, la larme à l'oeil, en criant au chef d'oeuvre. Surtout si on a seize ans, que les hormones font des bulles et qu'on est en pleine crise d'identité _ mais pas exclusivement! Puis l'addiction s'estompe; un beau jour, on retombe sur THE fichier avi. qui tue, alors qu'on l'avait complètement oublié tellement il était bien caché dans l'ordinateur, et c'est en le matant pour la 114ème fois qu'on se dit : "pff mais c'est nul, en fait!!"

Quand l'étonnante profondeur des personnages reste à la surface. 
Annabelle est l'héroïne du film, car sans elle, il n'y aurait jamais eu de problèmes, et rien n'aurait été possible. A son arrivée à l'internat, on lui demande de s'installer dans une chambre déjà occupée par 3 filles de sa classe : Catherine, alias la connasse de l'histoire, Colins, et une autre fille un peu cruche dont j'ai oublié le nom car elle ne sert pas grand chose. Annabelle est ce qu'on pourrait appeler une parodie de racaille, bien qu'on nous la présente comme potentiellement dangereuse : elle fume des cigarettes en écrasant le mégot sur sa botte, elle arbore un blouson en jean customisé, elle a une guitare, et elle porte un collier bouddhiste, ce qui est éminemment grave! A cause de ce dernier délit, elle sera condamnée au cours du film à porter une énorme croix bien lourde autour du cou. En résumé, une pseudo-rebelle comme on n'en voit plus!

Miss Bradley
Quelle chiffe molle cette prof! Miss Bradley (Simone pour les intimes), est une femme qui ne sait pas ce qu'elle veut! Elle bouge la tête très lentement, et elle ouvre la bouche longtemps avant de parler.
Même son copain, un prof exerçant sur le même campus, aimerait vraiment qu'ils vivent ensemble, et commence à en avoir plus qu'assez de son indécision : quand se sentira-t-elle prête? Mais cette prof d'anglais coincée, poussée par le vent de la pédagogie, se sent revivre lorsqu'on lui confie la mission de remettre Annabelle sur le droit chemin. La prenant sous son aile, elle va tenter de la convaincre par tous les moyens de renoncer à son collier bouddhiste, et de canaliser l'énergie débordante de l'ado.  Les résultats seront bien au-delà de ses espérances! Pendant ses heures libres, elle s'adonne à ses passe-temps favoris: chialer dans sa baignoire, et s'étaler sur trois places à la bibliothèque pour colorier les photos qu'elle vient de développer (??). Stratégie oblige, Annabelle se sent obligée de lui dire que "ouah je ne savais pas qu'on pouvait peindre par dessus des photos!"  Pendant les cours, elle lit avec le plus grand sérieux, sourcils froncés, des poèmes de Walt Whitman à ses élèves qui la fixent bêtement, tout en faisant mine d'éviter les regards vicieux de la délinquante récidiviste. En tant que surveillante de dortoir, elle est plutôt sympa : elle laisse ses élèves jouer à des jeux à boire et veiller tard en fumant des clopes thaïlandaises.

Colins est la jeune fille en déprime qui se taille les veines et cache le désastre sous de minis chouchous en éponge. Elle est tellement attaquée que Miss Bradley lui permet de garder près d'elle son porc-épic puant, qu'elle prénomme "Prissy" qu'elle caresse avec des gants de cuisine et qu'elle sort de sa cage quand le temps le permet. Ce porc-épic connaîtra une fin aussi tragique que mystérieuse. Colins est gentille et ne juge personne. Tout le monde la prend en pitié ou se moque de son air un peu attardé, mais elle n'en tient pas compte, car Prissy, lui (elle?), ne la lâchera jamais! Elle affirme que sexuellement "elle a fait des trucs"; on n'en saura pas plus, et c'est peut-être mieux ainsi. 

C'est nous les méchants : Catherine et la Dirlo (qui répond au joli nom de Mère Immaculée)

Ah Catherine ... Dès la première scène du film, on en a la certitude : la méchante, c'est elle. Elle a une bonne tête de connasse, un regard sadique et une voix rauque faite pour véhiculer les insanités:  tout est réuni pour donner au spectateur l'envie de la secouer comme un prunier. Lorsqu'elle n'est pas en cours, lorsqu'elle n'est pas médisante ou cassante, et ce même la bouche pleine, elle peint des Numéros d'Art représentant des chats noirs sur fond multicolores. Elle aimerait bien sortir avec Annabelle, mais elle comprend vite que celle-ci a déjà quelqu'un en vue; le râteau qu'elle se mange lors de sa tentative d'approche dans la piscine (oui, c'est un pensionnat avec piscine) la rend d'autant plus aigrie. Ses vannes incisives seront à l'origine d'une méga baston avec Annabelle et oar conséquent de l'unique goutte de sang versée au cours du film. 

Mère Immaculée ressemble à Catherine mais en vieille et en blonde. C'est la tante de Miss Bradley; elle n'aime personne sauf quand elle se bourre la gueule dans ses appartements, le soir:  à ce moment-là, elle semble aimer tout le monde.

Try the punch!
Comme dirait le frère de Catherine au bal de fin d'année. Oui, il y a un bal de fin d'année dans cette magnifique école pour filles; même qu'à cette occasion, on invite des Mecs!
Try the movie, en l'occurrence. Vous avez envie d'étaler votre culture arc en ciel lors au prochain repas familial? Commencez par Loving Annabelle! Non pas parce que c'est le meilleur film dans le domaine, mais parce que c'est encore le moins rebutant : il n'est pas long, il se laisse regarder, on n'a pas besoin de faire des pauses/retour sur la vidéo pour comprendre les subtilités de l'intrigue, et en plus, l'histoire finit bien...ou à peu près bien. Disons que dans un film à forte proportion de lesbiennes, on peut légitimement parler de "happy end" à partir du moment où les personnages principaux ne se suicident pas, ne se font pas assassiner/couper la tête/tabasser/charcuter _ ce qui se produit dans la plupart des cas.
Il faudrait avoir vu Loving Annabelle au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour connaître l'histoire de la grenouille dans le seau de crème fraîche, racontée par le curé. Si vous n'êtes pas homo, vous partez avec un avantage : vous n'êtes pas obligé de visionner, et encore moins d'aimer. Vous pouvez le faire, mais c'est facultatif. Par contre, un homo DOIT posséder les bases du répertoire de Mylène Farmer, une lesbienne DOIT avoir vu les 6 saisons de L Word, même si après la saison 3 tout le monde sait très bien que rien n'a plus aucun sens, et DOIT connaître au moins le synopsis de Loving Annabelle, sinon c'est la loose totale!

Une fois que vous aurez vu ce film, plus jamais vous n'oublierez de fermer les portes à clé!

Pervers s'abstenir!
Des mineures dont l'uniforme se compose de chemises blanches à peine transparentes et de jupes assez courtes? On en a vu s'exciter pour moins que ça... Les voyeurs en manque auront l'impression d'avoir perdu leur temps, s'ils s'acharnent à regarder Loving Annabelle jusqu'au bout. En effet, ce n'est qu'après 1h d'une attente interminable qu'on a ENFIN une scène de cul. Le film dure 1h20. Et encore, ça reste de l'ordre de la supposition, car on ne voit rien du tout. Entendons-nous bien : je parle de scènes de cul homo (car je suis vraiment désolée de vous apprendre qu'il n'y a pas que dans Dawson que ça marche, mais que, oui, bien sûr, elle finit par se taper sa prof!). Il y a aussi une scène hétéro, mais dans ce type de film, ce n'est pas pris en compte.  

Cadeau ! ou pas, si le lien est mort.
http://www.megavideo.com/?v=KUTYWJB1
A la fin de la vidéo, vous avez même des bonus : diaporama d'images du film sur fond de petite musique à la con  douce , bêtisier du tournage, scènes "censurées", (on ne sait pas pourquoi d'ailleurs, elles n'ont rien de choquant), et même un début de suite! La totale, histoire qu'on arrive à faire quelque chose d'à peu près 1h30! 
Année du film : 2006
Réalisé par : Katherine Brooks (tiens, le même prénom que la méchante!)

Quelqu'un a eu la bonne idée de s'amuser avec la bande annonce collant les paroles du film sur des images du dessin animé Kim Possible, et ça donne quelque chose de rigolo, même si tout comme moi vous ne comprenez pas tout!

Info : L'hérésie du mois de février (s'il y en a une) ne portera pas sur la Saint Valentin, car c'est beaucoup trop prévisible!