samedi 25 juillet 2009

L'adieu aux armes - Hemingway (1929)

Pendant la Première Guerre Mondiale, Henry, jeune médecin américain, s'engage volontairement dans le secteur médical de l'armée italienne. Il devient officier à Gorizia.



L'histoire commence pendant une période plutôt « calme » mais indécise d'une guerre que personne ne craint vraiment, qui n'en est encore qu'à ses débuts et qui paraît si lointaine qu'on pense qu'elle va finir avant même d'avoir commencé... A moins qu'elle s'éternise et que les armées végètent pendant des années. Toujours est-il qu'Henry et les infirmiers sous ses ordres sont tenus à l'écart du danger, confinés dans leur caserne, ne sortant que pour de menues responsabilités, leur temps libre réparti entre vin et nuits passées auprès des prostituées.

Accompagné d'un ami, Henry rencontre Catherine, une infirmière anglaise avec laquelle il sympathise. C'est un personnage assez étrange, contradictoire, à la fois responsable et folle, mettant tout en oeuvre accrocher le regard du médecin américain, le repoussant aussitôt lorsqu'elle y parvient, voulant lui signifier par là qu'elle accepte ses avances, manifestant à chaque réplique un irrépressible besoin d'amour, quitte à paraître un peu collante ou nunuche. Un peu la Nadja de Breton, mais en moins pire quand même ^^. Cela semble lui convenir tout à fait, à Henry ; du reste, on n'en sait rien. Il me semble qu'une des particularités des personnages d'Hemingway est de paraître un peu amorphes, indifférents à tout, pas vraiment héroïques, pas mauvais non plus, juste « humains » par leur imperfection, voire un peu débiles quand il leur prend l'envie de répéter plusieurs fois la même chose. Henry fera tout pour Catherine, il se jure de se mettre en quatre pour elle une fois qu'elle sera à ses côtés, d'accord, mais ce sera à condition qu'il sauve sa propre tête. Pendant les combats, c'est bel et bien à lui qu'il pense, pas la peine de se voiler la face avec du faux sentimentalisme à la gomme. Ni du patriotisme. Chaque chose en son temps, et chacun pour soi.

Evidemment, l'histoire pourrait finir comme ça, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, mais ce serait oublier que l'Adieu aux armes est quand même un roman de guerre. Les combats commencent, et au cours d'un déplacement apparemment sans danger, Henry est assez gravement blessé au genou. Il est transféré à l'hôpital de Milan où, surprise, comme de par hasard, Catherine s'est arrangée pour être infirmière et tient absolument à prendre en charge le service de nuit ^^ . Evidemment, leur relation ne passe pas inaperçue et est assez mal vue des autres infirmières, en particulier de la directrice, à qui l'on attribuera la palme de meilleure rombière acariâtre du récit, et qui poussera le vice jusqu'à accuser le médecin blesser de «simuler» quelque peu sa blessure pour échapper au combat; le tout en étant consciente que les blessures volontaires aboutissent souvent à une condamnation à mort. 

C'est encore convalescent et la mort dans l'âme que Henry reprend ses fonctions, ayant à peine le temps de promettre un futur mariage à Catherine, qui lui annonce qu'elle est enceinte. Il n'aura plus qu'une idée en tête, déserter dès que possible, récupérer sa fiancée et passer en Suisse pour commencer une nouvelle vie.

C'était plutôt osé de construire un roman à la fois avec des récits de combats et une histoire sentimentale, sans que l'un prédomine sur l'autre. Les deux intrigues se tiennent très bien et s'entremêlent sans tomber dans la description de cadavres sanglants permanente, ou dans l'épopée fleur bleue. De toute façon ni l'un ni l'autre n'intéressait l'auteur, pour qui l'homme est un animal comme un autre, avec ses éclairs de génie et ses faiblesses, sa stupidité.

Edition utilisée : 
HEMINGWAY, Ernest. L'adieu aux armes. Folio, 2008. 

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